• Voici l' histoire incroyable et fort bien résolue qui est arrivée à notre famille:

    En famille, c'est nous : Dom et Audrey, 40 et quelques printemps, et nos enfants, Vic, 17 ans, Alice, 14 ans et Suzie, 7 ans. Nous sommes allés écouter 'Le Roi et le Cadavre' en famille...

    Trivikramasena, le Tablâ et le violoncelle nous intriguent d'abord, puis nous captivent. Le rythme des percussions vient scander celui des couplets de l'histoire, et les mélodies indiennes nous hypnotisent. L'histoire est passionnante, et dès le début on a déjà envie de savoir comment tout ça va finir !

    Dans le public, autour de nous, il y a aussi un spectacle, plutôt amusant : on sent les gens se détendre au fil des intrigues, on les voit s'enfoncer de plus en plus confortablement dans les coussins et se laisser aller à ce moment de pur bonheur. Certains baillent, non pas d'ennui, mais parce qu'ils se relaxent ! On sourit, on se sourit, on rit.

    D'abord déroutés par les codes de ce spectacle, nos enfants, comme tous ceux présents dans la salle ce soir-là, en perçoivent très vite la logique, et l'apprécient beaucoup.  Et quand ils comprennent qu'ils sont invités à jouer avec le conteur, ils s'évertuent, d'énigme en énigme, à exercer leur perspicacité, leur fantaisie et leur poésie.

    Ce soir-là, il y avait des enfants plus jeunes encore que Suzie, et beaucoup de pré-ados. Pas mal d'ados aussi, venus sans leurs parents, et tous ravis de partager ce moment exceptionnel.

    Pendant les semaines qui ont suivi le spectacle, nos enfants ont joué à se répéter les dialogues du roi et du cadavre ; crier « Aaah, Trivikramassééééna !» est devenu, à la maison une façon de se saluer, de dire bonjour en rentrant du lycée ! Notre petite Suzie demande souvent à ses frère et soeur de lui re-re-re-raconter l'énigme de la princesse la plus délicate, ou une autre qui lui a plu. L'exercice de mémoire est alors très amusant : c'est à celui qui se souviendra d'une nouvelle énigme avant l'autre, et encore faut-il ensuite se souvenir de sa solution !

    Six mois plus tard, nous rencontrons, par hasard, Emmanuel qui nous explique être en train de travailler à une version plus longue du spectacle avec encore d'autres histoires. Nous lui disons que ça fera très plaisir aux enfants de découvrir ces couplets inédits. Emmanuel nous propose alors une idée très amusante : il va nous téléphoner, le prochain dimanche soir, pour raconter PAR TELEPHONE une nouvelle énigme à nos trois enfants !... Bien sûr, ça doit être une surprise. Le temps d'échanger nos numéros et de mettre au point les détails de notre stratagème, nous nous quittons joyeusement.

    Trois jours plus tard, mon portable sonne...Il est 19 heures, Suzie est dans son bain, les ados sur msn. « Les enfants, c'est quelqu'un qui veut vous parler à tous les trois, alors venez dans la salle de bains, et je mets l'ampli! » - « C'est Papy et Mamie? » répondent d'une seule voix nos trois détectives...

    Je vous laisse imaginer leurs têtes en entendant dans le téléphone la voix d'Emmanuel qui reprend l'histoire là où il l'avait laissée six mois plus tôt ! La surprise passée, la magie du spectacle opère à nouveau, cette fois dans notre salle de bains ! Suzie dans la baignoire,  et les deux grands accroupis à côté, tous trois concentrés sur l'histoire, cherchant à capter l'élément qui pourra servir d'indice quand le moment sera venu de trouver la bonne réponse à l'énigme...

    A la fin de l'histoire, Emmanuel propose à nos enfants de prendre le temps de bien réfléchir, et de le rappeler quand ils auront une solution à proposer.

    Le repas est très animé ! Toute la famille s'y met, chacun propose, argumente, se décide puis hésite... On rit beaucoup ! Une heure plus tard, les enfants rappellent Emmanuel, impatients de lui présenter les fruits de leurs réflexions, et de découvrir « la » vérité...

    Celui-ci, comme au spectacle, accueille chacune de leurs propositions avec respect, valorise chaque trouvaille, et invite chacune, chacun à s'exprimer sur ce qu'il a compris, aimé ou ressenti...

    Merci mille fois pour ces moments exceptionnels en spectacle...et dans la salle de bains!

    Dominique Ringot, à Lille.


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    Un entretien accordé par Emmanuel de Lattre à la Fondation Maison des Sciences de l'Homme sur l'art de la narration orale

    *http://www.archivesaudiovisuelles.fr/1222/introduction.asp*

     


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    Extraits du texte


    Le mendiant au roi Trivikramasena :

    J'ai besoin de toi pour un rituel / un rite irréel, véritable exploit ! / J'ai besoin d'un roi au pas assuré, / qui peut endurer, sans aucun émoi, / de porter un poids lourd et démesuré, / inaccessible et au loin je le vois / non sans désarroi, depuis des années, / prêt à tout donner pour qu'il soit à moi. / Ce sera pour toi une bagatelle. / Ton bagou est tel ! Tu es si adroit ! / Ton parler est droit, rien ne t'ensorcelle ! / Jamais ne chancelle ! Jamais ne larmoie ! /

    La prochaine nuit de nouvelle lune, quand le feu s'allume et quand le bruit fuit la faible prière qu'un enfant murmure : viens me retrouver dans le cimetière !

    Le roi accepte sans hésitation de se rendre seul dans le cimetière et de transporter, et de ramener ce poids lourd et démesuré (...)

    Et quand cette nuit complètement noire descend sur la ville son manteau de suie, le roi marche seul vers le cimetière (...)

    Il est aux portes de la mort. L'enfer l'enferme au-dedans de sa propre peur (...)

    Il avance encore sur l'herbe assombrie contre la terreur qui partout gémit (...)

    Alors que le roi porte son fardeau sur ce sentier fait de cendres et de sang, un sinistre silence l'environne (...), le vétala rit:

    Je vais te raconter une histoire incroyable et jamais résolue:

     

    Par une nuit de nouvelle lune, dans ce cimetière silencieux, sous l'arbre même où j'étais pendu, un ermite méditait.

    Assis sous la même branche d'arbre, il est là, il médite et il prie. Quand soudain, déchirant le silence, un sombre bruit retentit.

    Il s'éveille et ouvre grand les yeux. Il explore tout autour de lui, cherche à percer même le noir : D'où a pu venir ce bruit?

    Un sinistre silence l'environne. On n'entend que le souffle du vent... Sous les feuilles de l'arbre d'en face, un jeune homme est étendu...

    Un jeune homme étendu devant à lui! Il gît là, inconscient comme mort! Il a une corde au cou.

    Le vieil homme se lève et s'en va, va porter secours à ce jeune homme. Il le fait revenir à la vie et l'emmène dans son abri.

    Il n'aurait jamais du faire cela...

     

     

    La route est longue et la nuit n'est pas finie, Trivikramasena. Je vais continuer à te distraire, en te contant une autre histoire:

    Il y a dans un manuscrit
    Une histoire vraie et en sanskrit
    D'une amitié particulière:
    Celle d'amis complémentaires!

    Le premier était la patrie
    Des belles idées, des théories.
    Une tête bien aguerrie
    Aux plus subtils jeux de l'esprit.

    Le deuxième était locataire
    D'un corps parfait, belle matière!
    Une vraie machine guerre
    Faite pour les travaux de terre.

    Ils étaient vraiment comme frères.
    Jamais aucune tricherie
    Pas de parole mensongère
    Dans cette camaraderie!

    Un jour...

     

    Nous ne sommes pas encore au bout de notre route, Trivikramasena, écoute encore ce rêve :

    Il s'est rêvé roi de Bénarès. Et il faisait frémir ses ennemis de peur et les filles d'envie. Il avait chassé ses ennemis hors des frontières. Mais ses succès guerriers n'étaient rien à côté de ce que sa beauté faisait comme ravage... Il passait plus de temps avec ses courtisanes qu'à la salle d'audience ou en affaires d'états (...)

    Maie un jour, il s'engage, il s'en va, va pousser par l'amour jusqu'au bout de la terre, jusqu'au soleil levant. Il affrete un navire et va en pleine mer, jusqu'au coeur du mystère, au creux de l'océan... 

    Ses rameaux sont faits d'or et ses feuilles en diamant recouvrent des fruits faits d'un corail éclatant (...) 

    Ils se reconnaissent et ils se sont toujours aimés. Leur regard se retiennent arrimés à leur âme (...) 

    Ses cheveux sont faits d'or et ses yeux en diamant éclairent son visage, son sourire éclatant...


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  • Conteur - auteur/interprète

    Emmanuel de Lattre est un conteur qui donne un souffle nouveau à d'anciennes histoires. Que celles-ci soient issues de lointaines traditions ou recueillies de nos jours auprès d'anciens, il apporte à ces récits un caractère à la fois fort et sensible, ce qui les rend étonnamment vivants.

    Artiste complet et inclassable (acteur, percussionniste, danseur, clown, écrivain), sa parole voyage d'une scansion parfaitement métrisée à un slam libre et percutant, avec une audace et une poésiequi émerveillent et étonnent un public de plus en plus large.

    Jouant avec brio et générosité des sons et des sens des mots, il met sa parole au service de ces histoires qui relient notre expérience intime du quotidien aux racines de notre humanité. Il arrive à marier, tant dans le fond que par la forme, la tradition et la modernité avec une simplicité qui confine à l'évidence.

    Il vise le coeur des choses et touche celui du public.

    Cet artiste du 'mentir vrai' 
    a affiné sa langue et son oreille tant au sein de familles de griots d'Afrique, qu'aux sources de la tradition indienne et aux racines de notre culture occidentale.

    Formateur et pédagogue, il continue toujours de raconter auprès de très jeunes enfants en halte-garderie et à des adultes en prison.

    Après avoir conté une cantate de Martinu avec l'ensemble Aposiopée à l'Opéra Bastille(fév.07),

    Après avoir écrit et interprété une histoire contemporaine de l'amour courtois avec la Cie Zefiro Torna (musiques moyenâgeuse et électronique, tournée belge de 2005 à 2007 avec les Jeunesses Musicales Flamandes), Après avoir mis en scène Kaïdara pour Aimée de La Salle (récit initiatique peul transmis par Amadou Hampâté-Bâ, en tournée dans le réseau des Jeunesses Musicales Françaises), rapproché mythologie et récits de vie (MédUSé, avec Audrey Castagné au violoncelle et percussions), exploré le temps qui passe (Pour l'Instant avec Hervé Minet au buzuki et Alain Hérard à la contrebasse) :

    'Ce qui continue toujours à me passionner, voire à me fasciner, c'est que d'aussi anciennes histoires soient toujours d'actualité, et qu'elles intéressent tout aussi bien des enfants de 8 ans, des adultes de 35 ou de 75 ans, érudites ou non. Moi-même, je les redécouvre à chaque fois. A chaque narration, je découvre et comprends un élément que je n'avais pas vu pendant ces années de travail ! Il y a vraiment quelque chose de mystérieux et d'essentiel... Et finalement, je crois que je préfère ne pas bien comprendre ce mystère pour continuer à le faire vivre, à y prendre plaisir et à le partager. Bref à le mettre à la question à chaque fois que je raconte pour savoir ce qu'il a à direde nouveau cette fois-ci.'

     


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  • Violoncelle

    Curieuse d'explorer les différentes facettes de son instrument, Gaëlle Branthomme a suivi un parcours artistique hors du commun.

    De l'intimité de pubs irlandais à l'éclat des plus grandes scènes (Vieilles Charrues, Olympia, Interceltiques de Lorient, L'Européen), son jeu, toujours précis et audacieux, emprunte autant aux musiques de tradition orale (Irlande, Bretagne, Brésil) qu'auxharmonies classiques et baroques (Conservatoire en violoncelle baroque, moderne et chant lyrique).

    Ses rencontres avec André Minvielle, Didier Lockwood ou Karim Ziad, une collaboration avec Jean-Marie Machado, l'amènent à explorer les voies de l'improvisation, qu'elle parcourt déjà avec une grande maturité, aidée en cela de son travail sur le corps avec Jessie Leibovici (méthode Feldenkrais).

    De plus, sa formation  littéraire (Khâgne, Lettres Modernes) et sa pratique du chant lyrique lui confèrent une sensibilité toute particulière à la résonance entre sens et son, texte et musique.

    Elle a ainsi collaboré à différentes formes  artistiques (chanson, spectacles de rue, théâtre...). Et on peut  l'entendre cette année en concert avec Charles Quimbert, Fiskal, en spectacle avec  Nicolas Lambert (‘Elf, la pompe Afrique') ou Guylaine Kaska (‘Tu m'aimes ?').

    Avec tout autant de virtuosité que de poésie, Gaëlle Branthomme développe un jeu bien à elle, et c'est dans la diversité de ses influences qu'elle trouve son centre, le fil ténu sur lequel elle continue de faire progresser son art : une recherche inlassable de ce qui fait la justesse d'un geste, d'une présence, d'un son. Un talent rare.


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